63. Ailes (Wings)
J'ai décidé d'écrire un texte en français puisque j'étais vraiment rouillée dans ma langue maternelle, et ceux qui ne lisent pas l'anglais pourront enfin lire une de mes histoires.
Le soleil
se levait, d'un rouge écarlate à l'horizon. Le vent frais caressait son visage
comme une main aimante. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il
était libre, enfin. Tant de tortures, tant de cris et de sang versé. Il était
libre. Il ne savait pas combien de temps il avait été enchainé dans cette cage,
affamé, et détaché seulement pour subir toutes sortes d'expériences qui le
faisaient hurler et souffrir durant les nuits suivantes. C'était atroce.
"Daedalus…"
murmurait son bourreau pour le réveiller. Il lui caressait les cheveux, le
visage, et il se réveillait avec ses yeux sur lui. Il était gentil pour qu'il
soit docile et le suive jusqu'à la table d'opération sans se rebeller. Bien
souvent, il obéissait, trop exténué par la veille, mais parfois il tentait de
s'échapper. Il criait et frappait les gardes et gigotait jusqu'à ce qu'un
puissant coup le rende à moitié conscient. Il se laissait trainer jusqu'à la
table, et les liens étaient serrés contre sa peau. Il ne devait pas bouger pour
ce qu'ils voulaient lui faire. Il ne se souvenait pas de la plupart des
expériences qu'il avait subies, et c'était mieux ainsi, puisque les quelques
réminiscences d'eux penchés sur lui avec des instruments sanglants n'étaient
pas plaisantes. Ses pensées étaient droguées et confuses en tout temps, et le
mieux était de dormir. Il s'évadait dans ses rêves, ou il était libre de ses
mouvements et faisait ce qu'il voulait. Tout n'était qu'éphémère. Il se
réveillait à vif, la gorge douloureuse d'avoir trop crié.
Les oiseaux
gazouillaient proches de la colline ou il avait arrêté de courir. Son ventre
grogna; il avait faim. Il ne se rappelait plus de ce besoin. Ils l'avaient
nourri avec une intraveineuse depuis des mois. Une fois il avait demandé à
avoir quelque chose à manger, quelque chose de tangible dans
lequel il pourrait mordre. Ils lui apportèrent un lapin fraichement tué. Il ne
fit plus de demandes.
Une voix
féminine l'avait réveillée un matin. Elle murmurait une litanie incompréhensible,
comme si son esprit l'avait quitté. Il avait tenté de la calmer en lui parlant,
lui demandant toutes sortes de questions. Elle savait qui elle était, d’où elle
venait. Elle avait des amis qui devaient la chercher, qu'elle répétait souvent.
Lui, il ne se souvenait de rien. Ni de ses parents, ni de son propre visage. Pas
même de son nom. Daedalus était le
nom que son bourreau lui avait donné pour ses causes perverses. Peu à peu, des odeurs lui revenaient, des
sons d'une autre vie. Grâce aux conversations qu'il avait avec la femme
captive, sa mémoire s'animait. Il savait que quelqu'un l'attendait, quelque
part. Il en versa même quelques larmes, ce qui n'était pas arrivé depuis le
début. Il ressentait autre chose que la douleur, enfin. Mélancolie et
frustration. Il pleura à nouveau lorsque la cage voisine fut libérée. La femme
était morte, son cœur avait arrêté de combattre sur la table d'opération,
d'après son bourreau qui se régala en ne lui épargnant aucun détail.
S'échapper
ne fut pas aussi difficile qu'il l'avait imaginé. Il était si docile que
personne ne s'attendait à une soudaine attaque de sa part, mais la mort de la
femme fut de trop, et il frappa alors que les gardes le ramenaient à sa cage.
Leur cou était si fragile…
Il s'empara
de leur arme et se fraya un chemin jusqu'à une sortie, où il fut bloqué par son
bourreau. Bien entendu qu'il l'attendait, un faux sourire aux lèvres.
"Daedalus, ce n'est pas une façon de remercier son créateur."
Il tenta de lui faire baisser son pistolet, mais il reçut plutôt une balle dans
une rotule. Les gardes se jetèrent sur lui tandis que le scientifique criait à
l'agonie, et il eut un blanc. Lorsqu'il se réveilla, il était le seul en vie,
et le reste n'était qu'une étendue rouge. Il tituba jusqu'à la porte qui
s'ouvrit pour révéler…
Il regarda
ses mains, ensanglantées, et compara la couleur au soleil. Son dos le
démangeait depuis qu'il avait quitté l'endroit de sa séquestration, mais la
douleur venait de l'intérieur. Quelque chose poussait pour sortir de lui, et il se plia sous la tension, ses mains griffant la terre. Avec
un hurlement de douleur, il sentit la peau de son dos déchirer; des morceaux de
chair éclaboussèrent l'herbe.
Il haleta,
et ses ailes frémirent pour la première fois.
(What is 100TC?)
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