"Certaines personnes ne peuvent parfois être sauvées. C'était un fait de la vie, nous attendons la mort depuis la naissance. Nos os sont le centre de notre corps, ses fondations. L'esprit est attiré à eux, l'étreinte alors que la chair les emmitoufle dans un cocon. Si les os sont réunis, l'esprit peut être réattaché à eux, comme il a déjà laissé sa marque sur eux. J'ai le pouvoir de rassembler esprit et os, mais cela vient avec un prix. Êtes-vous prêts à en assumer le coût?
"N'importe quoi pour être de nouveau avec notre fille, monsieur, n'importe quoi," la femme s'empressa d'accepter. Son mari et elle se serraient l'un contre l'autre dans la petite boutique de Victor, où de mystérieux instruments étaient exposés.
"Très bien, alors ce sera 25 pièces maintenant, et l'autre moitié après."
L'homme hocha la tête et poussa l'or sur son bureau. Ils attendirent, les yeux brillants d'espoir.
"Avez-vous apporté ses os?" Victor demanda, préparant ses instruments.
"Bien sûr." Ils lui tendirent un sac de cuir, qu'il accepta. Il plaça des chandelles aux coins d'un pentagramme gravé dans le bois de la table au milieu de sa boutique. Lentement, il sortit les os du sac et les plaça au centre. Il prit un calice et une dague et les apporta aussi à la table. Sans hésiter, il s'entailla la paume, peu profondément mais assez pour verser du sang dans la coupe. Il se mit à murmurer des mots dans une langue inconnue au couple. L'air autour d'eux s'alourdit, à en devenir suffocant. Le mari étreignit sa femme, mais ils continuèrent à regarder le rituel de Victor le Nécromancien.
Les os bougeaient, s'alignaient ensemble pour former la forme d'un squelette humain avec des bruits sinistres. Une ombre, puis de la chair pâle et grise jaillit d'eux. Bientôt, une jeune fille fut assise au centre de la pièce, l'air hagard et les yeux perdus. Victor haleta, hors d'haleine, et entoura les épaules de l'enfant de sa veste.
"Oh, Elena," la mère se mit à sangloter alors que le couple l'entoura. La jeune fille les regarda, confuse. "Tu es avec nous maintenant, notre chère fille."
"Elle a l'air pâle. Est-ce normal?"
"Mourir semble avoir cet effet. C'est normal." Victor haussa les épaules. L'homme le paya puis sortirent, impatients de retourner à la maison avec leur fille. Victor gloussa et entreposa l'argent dans son coffre-fort.
Ils revinrent une semaine plus tard avec des yeux gonflés, mais la colère crispant leurs mains.
"Charlatan! Tu nous as dit que tu pourrais la faire revenir!"
"Et je l'ai fait." Il attrapa le lourd sac qu'ils lui lancèrent à la figure. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur.
"À chaque jour son corps a continué à dépérir, ses bras et ses jambes devenant noir jusqu'à ce qu'ils tombent. Quel sorte de monstre es-tu pour nous faire souffrir la mort de notre fille une deuxième fois?"
"Vous m'avez demandé de la ressusciter, mais vous ne m'avez jamais spécifié pour combien de temps. J'ai cru qu'une semaine en sa compagnie alors qu'elle devait être morte serait suffisant pour vous satisfaire."
La femme cracha sur son luxurieux tapis. "Pourquoi ne pas nous avoir avertis?"
Victor eut un sourire suffisant. Les gens en deuil étaient les plus faciles à tromper, aveuglés comme ils étaient par le chagrin. "Vous auriez dû demander."
Ils lui jettèrent un regard noir, rempli de haine, et avant de quitter, l'homme lui dit: "À chaque fois que tu ressuscites quelqu'un, une part de la Mort reste accrochée à toi. Puisse-t-elle te faire pourrir de l'intérieur."
Fin
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