Jour 54
Dîner aux chandelles ou comment être obligé de dire adieu à son bras
Aucun
zombie à l’horizon. Un regard vert forêt s’en assura avant de bien remettre le
morceau de tissus entre les planches de bois bloquant une fenêtre. Il retourna
à la cuisine, et ses doigts effleurèrent la hanche du fusil de chasse posé sur
une commode. Il sourit à sa femme qui mangeait avec leur fils et les rejoignit
à la table. La seule source de lumière était quelques bougies placées çà et là.
Ils mangèrent en silence, ponctué parfois par des paroles à demi chuchotées.
Ils
avaient trouvé refuge dans une vieille maison en campagne, loin de toute
urbanisation, et leur stratégie semblait porter fruits puisqu’il n’y avait eu
que quelques zombies depuis qu’ils y étaient arrivés, il y avait de cela
quelques jours.
Plus
tard dans la soirée, la femme lisait à voix basse un livre à son fils pour
qu’il s’endorme lorsque son mari vint les rejoindre.
«
Tam, viens voir », fit-il d’une voix qu’il se voulait calme malgré son anxiété.
Après
avoir souhaité une bonne nuit à l’enfant, ils le quittèrent pour aller à une fenêtre
derrière la maison. L’homme lui fit signe de rester silencieuse avant de lui
montrer ce qui causé son trouble.
Six
zombies étaient amassés contre une des parois de la maison, silencieux avec
leur air hagard. Il y eut soudain un septième, se présentant à quelques
centimètres d’eux, son regard directement dans celui de la femme, Tamara.
Celle-ci recula, effrayée, et se plaqua une main contre la bouche pour éteindre son hoquet de frayeur.
Le
mal était toutefois fait. La créature se mit à geindre de l’autre côté du mur,
et les six autres firent pareil. Il y eut un bruit sourd, puis d’autres lui
firent écho.
La
maison était si fragile, ils allaient détruire le mur. Le couple ne savait que
faire. Devaient-ils se risquer à sortir pour les descendre avant qu’ils
n’attirent d’autres de leurs semblables ? Leur hésitation leur fut fatale.
Il
y eut un lourd craquement dans le bois, et ils virent une craque s’élever tout
le long du mur, puis disparaître dans l’autre pièce à l’étage, où leur fils
dormait. Un autre coup agrandît la fente, et Tamara vit une créature de presque
deux mètres. C’était elle qui cognait le mur. Aucun doute que celui-ci ne
tiendrait plus longtemps.
L’homme
courut chercher son fusil de chasse, et il entendit d’autres zombies qui
essayaient de détruire la barricade d’une fenêtre. Il retourna vers sa femme,
mais n’eut le temps de la rejoindre.
Le
mur lâcha, se brisa en un nuage de plâtre pour laisser passer le plus gros
zombie que le couple n’eut jamais vu. Le fusil fut utilisé contre lui, et
l’homme cria à sa femme d’aller chercher leur fils. Elle ne voulait pas le
laisser seul face à ces créatures, mais son cœur fit un nouveau bond lorsqu’un
bruit lourd se fit entendre à l’étage. Elle courut pour rejoindre la pièce où
leur fils dormait, mais déjà, c’était trop tard. Il était déjà mort, une goule
s’empiffrant de son petit corps.
C’était
la fin. La femme le savait. Toutefois, elle n’allait pas leur donner sa vie
sans combattre. Elle sortit une arme automatique de sous son t-shirt et tira
dans le derrière du crâne du zombie qui s’écroula. Sanglotant sans que les
larmes ne coulent, elle s’approcha du cadavre sur le lit.
Sa
gorge avait été déchirée, le sang avait imprégné une bonne partie des draps et
dégoutait sur le sol de bois. Il pouvait se transformer d’un moment à un autre
maintenant, et la femme savait ce qu’elle avait à faire. Son arme automatique
était toujours logée dans le creux de sa main. Elle la leva et visa le front de son enfant.
Non, ce n’est plus mon fils.
Elle
détourna les yeux. Tira. Et cria lorsqu’une goule râla derrière elle. Elle se
retourna et se recula pour avoir un meilleur angle de tir. Son pied nu glissa
sur le sang qui s’étendait toujours, et elle tomba, sa tête cognant contre le
montant du lit. La femme fut désorientée un instant, mais se força à reprendre
ses esprits pour tuer le zombie. Une fois fait, elle voulut se relever, mais
elle était encore trop étourdie pour ce faire et tomba de nouveau sur le sol.
Sous la force des chutes répétées, celui-ci craqua et brisa, envoyant la pauvre
femme un étage en dessous.
Elle
resta un instant sans bouger, la respiration coupée par l’impact. Elle était
tombée dans le salon, heureusement sur une moquette épaisse et verte.
Malheureusement, elle était aussi tombée sur une table basse en vitre épaisse,
du style qui ne servait qu’à être toujours sale, et dont la base en acier
n’était pas recouverte par une protection en caoutchouc. La table était
renversée, et un des pieds avait traversée son bras gauche.
La
douleur la réveilla de sa demi-inconscience, et elle cria. C’était terrible.
Elle n’osait bouger du tout, la panique totale s’éprit d’elle. Le métal râpait contre son os à chacun de ses sanglots.
Elle
avait peine à entendre ce qui se passait autour d’elle, avec son sang qui lui
tambourinait aux oreilles, sa tête qui n’était pas encore remise de la chute et
la douleur cuisante de son bras. Que se passait-il pour son mari ?
Pourquoi n’y avait-il pas de zombies qui venaient la dévorer ? Elle se
força à se calmer, prenant de longues respirations malgré l’inconfort qui
envahissait sa tête. Il y avait des pas rapides dans le couloir, des voix
d’hommes. Était-ce son mari ? À qui parlait-il ? Tamara ne comprenait
pas, et même si elle se concentrait, une allégresse lui disait d’arrêter de combattre,
de simplement s’endormir et se laisser porter…
Elle
distingua un visage d’homme au-dessus d’elle, et ce n’était pas son mari. Elle
émit un faible bruit, mélange d’un gémissement et soupir, avant de
difficilement déglutir. Elle ne comprenait pas ce que la personne lui disait,
et puis quelqu’un d’autre se pencha de l’autre côté d’elle. Il bougeait ses
doigts devant ses yeux, ces derniers devenant trop lourds pour elle. Ils se
fermèrent d’eux-mêmes, et elle perdit conscience.
28.09.11
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